Si Dieu n’existe pas, qui est en droit de décider de manière absolue de ce qui est bien ou mal ?

“Si Dieu n’existe pas, qui est en droit de décider de manière absolue de ce qui est bien ou mal ?” Personne. Et c’est vrai ! Comme le dit bien Dostoïevski dans Les Frères Karamazov : « Mais alors, que deviendra l’homme, sans Dieu et sans immortalité ? Tout est permis, par conséquent, tout est licite ? » Si Dieu n’existe pas, chacun peut vivre pour soi comme il l’entend, « tout est permis ! » : le pied total ! Personne n’a rien à nous dire sur notre manière de vivre.

Il n’existe aucune valeur morale objective sans Dieu

En effet, s’il n’y a pas de Dieu, alors il n’y pas de règles objectives qui dictent ce qui est bon ou mauvais. Les valeurs morales sont comme les goûts et les couleurs, c’est juste l’opinion d’un individu ou le fruit d’une évolution sociobiologique[1. Voir notre article « Le bien et le mal sont determines par l’éducation, la société et les choix personnels. ».].
Par conséquent, dans un monde sans Dieu, qui est en droit de dire ce qui est bien ou mal ? Qui a le droit de juger que ce qu’a fait Hitler est inférieur à ce qu’a fait l’abbé Pierre ? Dire que ceci est bon, celà est mauvais perd toute signification dans un univers sans Dieu. Car, dire que quelque chose est mauvais parce que c’est interdit par Dieu est parfaitement compréhensible à quelqu’un qui croit en un Législateur divin. Mais dire que quelque chose est mauvais, quand bien même il n’y aurait pas de Dieu pour l’interdire, n’est pas compréhensible.
Le concept d’une obligation morale, qui existerait en dehors de l’individu, est parfaitement incompréhensible sans l’idée de Dieu. Dans un monde sans Dieu, il n’y a pas de loi objective qui dicte ce qui est absolument mauvais et ce qui est absolument bon, il n’existe que des jugements personnels ou culturels relatifs. Ce qui implique logiquement qu’il est impossible de condamner les guerres, les oppressions ou crime en tant que mal. Ni d’appeler la fraternité, l’égalité et l’amour : bien. Il est logiquement inconcevable de dire que ce que fait le gouvernement d’un pays est mal quand il massacre une partie de sa population. Si non, au nom de quoi ? Il n’y a rien dans un univers clos qui puisse dicter à l’homme ce qui est bien ou mal. Personne ne peut dire à personne : « c’est vraiment mal ce que vous faites. »

L’impossibilité de vivre sans valeur morale objective

Friedrich Nietzsche
Friedrich Nietzsche

Mais le problème fondamental est que cette exigence – que personne n’a le droit de dire de manière absolue ce qui est bon ou mauvais – est existentiellement impossible à vivre. Nous ne pouvons pas ne pas lever la voix quand nous apprenons que des enfants se sont faits violer par un pédophile. Nous ne pouvons pas nous taire quand nous apprenons qu’une dictature a décidé de mettre en place un programme d’extermination de millions d’individus. C’est impossible !

Nietzsche[1. Voir notre article : Nietzsche a-t-il tué Dieu?] lui-même, qui écrivait la nécessité de vivre « par delà le bien et le mal », a rompu son amitié avec le compositeur Richard Wagner quand celui-ci est devenu antisémite. Aussi, Jean-Paul Sartre a déclaré après la Seconde Guerre Mondiale qu’une doctrine qui mène à l’extermination n’est pas simplement une affaire de goût ou d’opinion, de valeur égale à son opposé.  Cette exigence, qu’il n’existe aucun bien, aucun mal absolu, est impossible à vivre.

L’échec de l’athéisme …

Si nous avons vu que l’athéisme échoue à ce test, qu’en est-il du christianisme biblique ? Le christianisme décrit avec une étonnante clarté la réalité. En effet, si Dieu existe, il est possible de connaître de manière absolue ce qui est bien ou mal. S’il y a un Législateur divin, nous pouvons expliquer pourquoi nous sommes révoltés par les abominations commises lors de la Seconde Guerre Mondiale ou pourquoi nous trouvons inadmissibles le viol et le meurtre d’enfants innocents. Par contre, si Dieu existe et qu’il est le Législateur, si c’est lui qui détermine ce qui est bon ou mauvais, est-ce que j’accepte que mon comportement soit jugé par Dieu ? Rien n’est moins sûr …

© Aurélien Lang


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9 réflexions sur « Si Dieu n’existe pas, qui est en droit de décider de manière absolue de ce qui est bien ou mal ? »

  1. «Il n’existe aucune valeur morale objective sans Dieu»

    Pourquoi les valeurs morales objectives seraient-elles nécessaire?

    Il existe des vérités morales (intrinsèquement reliées à notre subjectivité) avec ou sans ce dieu. Se brûler la main fait souffrir (ce qui se traduit par “mal” dans notre esprit). La moralité est en rapport avec le rapport avec autrui, et n’est donc PAS une seule question de préférence individuelle. Autrement dit, l’esprit humain est préparé pour prendre en compte les besoins d’autrui dans ses comportements.

    «Les valeurs morales sont comme les goûts et les couleurs, c’est juste l’opinion d’un individu ou le fruit d’une évolution sociobiologique.»

    Et puis? Qu’est-ce que cela peut bien faire?

    On pourrait me dire que le feu est intrinsèquement mauvais que cela me semble absurde. Dire que la pédophilie est intrinsèquement mauvais aux yeux de la réalité me semble inutile pour bâtir une société bâti sur des principes moraux solides. Cette attitude de dire que tout ce qui n’est pas purement objectif est donc une question d’opinion est non seulement fausse, mais complètement contre-productive.

    «Dire que ceci est bon, ceci est mauvais perd toute signification dans un univers sans Dieu.»

    Pas du tout, nous avons quand même nos sentiments moraux (comme l’empathie) et nous allons tjrs concevoir qu’un acte de violence envers une personne innocente est profondément injuste. Dieu est non-nécessaire.

    «Mais pour dire que quelque chose est mauvais, quand bien même il n’y aurait pas de Dieu pour l’interdire, n’est pas compréhensible.»

    Tuer un chien pour le plaisir ne prend pas en compte les désirs du chien, et donc, est mauvais. On parle bien sûr d’une moralité objective non absolue, mais relative à notre subjectivité.

    «Personne ne peut dire à personne : « c’est vraiment mal ce que vous faîtes. »»

    En quoi cela est grave? C’est mal aux yeux de nos sentiments moraux. Si une espèce extraterrestre vient nous voir et qu’ils ont une autre moralité, on ne pourra pas discuter de moralité avec eux sur un même terrain, car la moralité sera différente pour eux (leur nature extraterrestre).

    «Nous ne pouvons pas ne pas lever la voix quand nous apprenons que des enfants se sont faits violer par un pédophile»

    Bin voyons donc! Il faut vrm être un psychopathe pour ne pas être en mesure de prendre en compte les désirs de l’enfant!!!

    Une société sans dieu n’Est pas une société de psychopathe, quels arguments mauvais…

    Vous inventez un problème : sans dieu, la morale ne fait plus de sens.

    Ah bon?! Elle fait tout son sens.

    1. Je commencerai par la remarque finale selon laquelle nous inventerions un problème, c’est à dire que les chrétiens inventeraient un problème qui ne se pose pas pour avoir une solution à proposer. Je pense que c’est simplement faux; cette question, Des penseurs tout à fait athées ont énoncé ce problème, ainsi J. P. Sartre :
      “L’existentialiste, au contraire, pense qu’il est très gênant que Dieu n’existe pas, car avec lui
      disparaît toute possibilité de trouver des valeurs dans un ciel intelligible ; il ne peut plus y avoir de bien a priori puisqu’il n’y a pas de conscience infinie et prfaite pour le penser ; il n’est écrit nulle part que le bien existe, qu’il faut être honnête, qu’il ne faut pas mentir, puisque précisément nous sommes sur un plan où il y a seulement des hommes.” (Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme, Gallimard, 2000, pp. 38-39.)

      La question du fondement de la morale est une vraie question. Tu peux penser que tu as une solution satisfaisante, mais pas nier que la question se pose.
      Quant à la position que tu défends, si je la comprends bien, elle se base sur deux choses : nos sentiments moraux et prendre en compte le besoin de l’autre. Ou même, tu base la prise en compte de l’autre sur ce à quoi notre esprit est préparé, donc ça revient à une base innée de la morale, qui s’exprime dans nos émotions. (tu me dis si je te comprends mal).
      Je vois plusieurs faiblesses à cette position. Une, c’est le fait que justement il y a des psychopathes. Des gens dépourvus d’empathie, ou bien qui sont en proie à des pulsions (p. ex. pédophiles). Pour ces gens, leur ressenti, va à l’encontre de principes moraux qui te semblent évidents.
      La deuxième, c’est que même chez des individus cliniquement sains, ça ne marche pas.
      Tu dis “nous allons tjrs concevoir qu’un acte de violence envers une personne innocente est profondément injuste”, C’est absolument faux, Selon les époques, certains ont considéré que la violence était le droit de ceux qui étaient capables de l’exercer. Va demander à Genghis Khan si ses victimes étaient coupables et si ses massacres étaient justifiés, il te rira au nez.
      La 3e chose, c’est sur le fait de tenir compte des besoins des autres, tu considère ça comme une évidence, mais des gens (Nietzsche en particulier) ont construit une vision du monde qui s’en dispensait :
      “Je déteste cette vulgarité qui dit « ce qui plaît aux uns convient aux autres » ; « ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas, etc. » ; qui veut fonder tous les rapports humains sur une réciprocité des services rendus, en sorte que chaque action apparaît comme une espèce de paiement en retour d’un bienfait.”( F. Nietzsche, La Volonté de Puissance,, livre de poche, 1991, f. 442). En bref, tu fais comme si tenir compte des besoins de l’autre est un bien en soi; je sois d’accord, mais tu n’as pas de fondement pour l’affirmer. Que fais-tu lorsque quelqu’un soutien l’inverse?

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